Auteur : Peter Straub.
Roman : Ghost Story ou le fantôme de Milburn
Date de publication : Octobre 1979 (SEGHERS) / Mars 1990 (Pocket Terreur)
Genre : Fantastique
Nombre de pages : 432 / 670.
Résumé de quatrième de couverture :
- Dans cette petite ville de la Nouvelle Orléans la lenteur de la vie quotidienne va peu à peu
faire place à l'horreur, et la menace qui plane sur les habitants semble se préciser de jour en jour.
Les quatre vieux messieurs
respectables de la Showder Society,
qui passent leurs soirées à se
raconter d'extraordinaires histoires de fantômes perdent le sommeil et
se trouvent impliqués dans la plus extraordinaire affaire de
réincarnation qui se puisse imaginer. L'actrice Eva Galli qu'ils avaient
connue dans leur jeunesse et qui mourut dans leurs bras,
revient se
venger de la ville tout entière. Comment échapper à ce bain de sang, à
ces meurtres,
à ces disparitions, à ces crimes plus horribles les uns
que les autres,
dont la petite ville sous la neige est le macabre
décor ?
La clé de l'énigme ne sera livrée qu'aux toutes dernières pages et
l'explication sera des plus inattendues. (SEGHERS)
- Les quatre vieux messieurs respectables passaient leurs soirées à se raconter de
fabuleuses histoires de fantômes.
Depuis la disparition d'un des membres de leur club dans des circonstances étranges,
ils se sentaient menacés; perdaient le sommeil:
ils allaient bientôt se trouver impliqués dans la plus hallucinante histoire de réincarnation
qui se puisse imaginer... (Pocket Terreur)
Chronique :
Un roman à la mécanique parfaite, d'une densité incroyable que rien n'est laissé au hasard,
puisque chaque détail compte.
Ce pavé est d'une richesse extraordinaire avec une intrigue très complexe.
Le roman est découpé en 3 parties :
les deux premières pourraient être indépendantes et pourraient se lire l'une sans l'autre,
chose dont je vous déconseille de faire, car les quelques éléments en question les relient.
Et la troisième partie résout enfin le puzzle.
Peter Straub raconte en flash-back l'histoire de Don Wanderley et de son frère David,
celle d'Eva Galli, la mort d'Edward Wanderley.
Tous les personnages principaux sont obsédés par une mort violente,
subite dans leur entourage quelques années auparavant.
Ces éléments sont évidemment liés et vont se recouper dans la dernière partie.
La première partie, celle de la Chowder Society, est pour moi la plus marquante, la mieux racontée. Elle est à la fois nostalgique et parfaite avec la mise en haleine pour la suite du roman.
C'est un livre dans le livre, il en a d'ailleurs fait une nouvelle dans un recueil collectif où
figurait entre autres son ami et complice de longue date : Stephen King.
Dans la deuxième partie, tout s'accélère.
Don Wanderley arrive à Millburn et essaie de comprendre les enjeux de la situation
qui devient cauchemardesque.
Le passage où Lewis Benedict a des hallucinations est absolument magnifique,
très mystérieux et ouvre à diverses interprétations.
C'est une des séquences les plus importantes du livre,
car elle marque le début du dénouement et donc de la 3ème partie.
Toutes les pièces du puzzle se mettent en place.
Il y a une quinzaine de personnages importants.
Tous les chapitres sont racontés à la troisième personne et ont pour principal protagoniste,
tour à tour, les 4 septuagénaires de la Chowder Society, Don wanderley l'écrivain trentenaire,
Freddy Robinson jeune agent d'assurance qui va enquêter sur les morts des animaux,
Peter Barnes adolescent qui va subir et lutter contre le danger, Stella Hawthorne femme de Ricky, Elmer Scales le fermier qui a découvert ses bêtes égorgées et qui va peu à peu,
perdre la raison et tomber dans une folie destructrice.
Tous ces personnages aussi différents les uns que les autres, sont définis avec précision et clarté,
ce qui les rend très denses.
Certains évènements sont racontés du point de vue de plusieurs personnages,
ce qui est très intéressant pour marquer la différence entre ce qui est réellement et ce que l'on perçoit.
Cet ouvrage me fait parfois penser à "Salem" ou aussi bien à "Bazaar" de Maître Stephen King,
pour sa façon de décrire une ville tranquille (en apparence),
avec tous ses petits secrets datant de quelques générations, ses histoires de "cocufiage",
ses vieilles rivalités, et qui va se retrouver isolée du monde.
La cité est tellement omniprésente dans le récit, qu'elle en devient un protagoniste, un rouage.
Il y a matière à faire une dizaine de livres tant les sous intrigues sont nombreuses et
les personnages bien écrits et décrits.
Tous ont peur, mais réagissent de manière différentes. Certains trop courageux ou inconscients,
vont affronter seul le danger, l'inconnu. D'autres plus intelligemment s'unissent, fuient,
ou s'arrêtent de vivre et ne repensent plus qu'à ce qu'ils ont vu ou cru voir.
Les scènes d'horreur sont écrites avec concision, nous épargnant des détails macabres et gores
mais allant à l'essentiel de suite pour laisser notre imaginaire faire son travail.
C'est d'ailleurs le thème principal du bouquin : l'imagination.
Peter Straub joue avec celles des lecteurs comme l'antagoniste joue avec celle des victimes.
L'auteur distille la peur au compte goutte durant tout le roman,
comme le méchant le fait durant toute la vie des protagonistes.
Tout le livre est construit sur notre imaginaire et démonte ainsi le mécanisme de la peur
produit par les lectures des classiques de l'épouvante ou la vision de films.
Une séquence clé se déroule d'ailleurs dans un cinéma pendant la projection de
"La nuit des mort-vivants", rendant ainsi un très bel hommage à George A. Romero.
Il boucle du même coup, la boucle des figures légendaires de l'horreur et du fantastiques :
mort-vivants, fantômes, vampires, loups garous, réincarnations, résurrections, hallucinations, prémonitions, manitous auxquels il faut ajouter, la connerie humaine personnifiée par Jim Hardie,
un ado un peu trop prétentieux et curieux et qui va déclencher pas mal de problèmes.
Une œuvre terrifiante, un livre-clé totalement efficace pour tout amateur de romans d'horreur
et d'épouvante. Un monument de la littérature Straubienne.
Un grand classique de la fin des années 70 que je vous recommande très fortement.
Citation : "Le monstre, c'est nous-mêmes."
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